“Manipulare humanum est. Perseverare in manipulatio, diabolicum !”
Autrement dit, connaissez-vous le vrai visage de la manipulation ?
Il existe deux typologies chez les manipulateurs récurrents : les embrouilleurs, qui manipulent par
peur qu’on leur dise non et les pervers, vicelards calculateurs, fourbes, maniganciers (on voit à
cette richesse de vocabulaire que l’affaire ne date pas d’aujourd’hui), qui manipulent sans
embarras ni culpabilité. Si l’influence fait partie des interactions humaines normales, elle devient
problématique lorsqu’elle vise à contrôler, dévaloriser ou exploiter une personne à son insu.
La manipulation mentale peut prendre différentes formes. Dans un premier temps nous avons le
gaslighting qui entraîne à douter de sa propre réalité. Le gaslighting est une technique de
manipulation qui consiste à faire perdre à une personne ses repères en la poussant à remettre en
question sa perception des faits. Souvent utilisé dans les relations toxiques, ce processus
insidieux peut amener une victime à douter d’elle-même, à perdre confiance et à devenir
dépendante de son manipulateur.
Dans les relations professionnelles, certaines personnes utilisent des stratégies de contrôle
émotionnel : culpabilisation, chantage affectif, menaces voilées ou flatteries manipulatrices. Ces
techniques permettent d’imposer une autorité sur l’autre et de le maintenir sous emprise.
Dans le cadre d’un développement personnel, il arrive également que l’on puisse se retrouver
face à des discours culpabilisants : « si vous échouez, c’est parce que vous n’avez pas assez
travaillé sur vous ». Cette rhétorique enferme dans une spirale d’auto-culpabilisation.
Certains groupes, certaines sectes, exploitent la soif de spiritualité et de communauté pour isoler
et manipuler leurs adeptes. Les techniques employées incluent le lavage de cerveau, la privation
sensorielle, la modification du langage et la suppression des liens avec l’extérieur.
Progressivement, la victime perd sa capacité à penser de manière critique et devient totalement
dépendante du groupe.
Les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la manipulation mentale moderne. Par la
répétition de contenus ciblés, ils renforcent certaines croyances et enferment les utilisateurs dans
des “bulles” qui biaisent leur perception du monde. De plus, les algorithmes exploitent les failles
psychologiques pour maximiser l’engagement, jouant sur la dopamine et l’addiction aux
notifications. En décembre 2024, la CFDT a décidé de quitter le réseau social X (anciennement
Twitter) en raison de l’augmentation de la diffusion de fausses informations et de la modification
de l’algorithme, devenu plus opaque. Cette décision reflète la préoccupation du syndicat face à la
manipulation de l’information en ligne.
La CFDT, dans ses valeurs, milite depuis toujours pour l’émancipation des personnels au sein
des entreprises mais aussi dans la vie courante. L’émancipation est l’un des moyens les plus
puissants pour contrer la manipulation. Étymologiquement, le mot « émancipation » provient du
latin « prendre la main ». Elle permet de développer une pensée autonome et critique, de
renforcer la confiance en soi et de reprendre le contrôle sur ses décisions; de reprendre la main,
s’affranchir, d’un pouvoir exercé sur, voire contre soi. S’émanciper c’est acquérir davantage
d’outils pour comprendre le monde, faire des choix et agir en conscience, mais aussi pour
participer aux décisions qui nous concernent, pour influencer les règles du jeu.
Edito Bruno Tanguy